Jeune enseignante française, je
débarque avec quatre autres collègues à l'aéroport de Bucarest en
début de soirée. Plusieurs heures de
route jusqu'à la ville de Dragasani où nous devons nous rendre.
Premiers contacts avec les paysages
encore inconnus du pays, découverte sous protection de la lune
de la vie roumaine nocturne.
Dragasani atteint, notre mission est de
dénicher l'hôtel réservé pour nous. Pas de nom d'endroit, pas
de numéro du lieu, nos partenaires se
soucient de notre trajet, nous les avons régulièrement au
téléphone, ils nous répètent que nous
sommes attendus.
Tournée des hôtels de Dragasani, il est
2h du matin, heure locale : à chaque hôtel une personne. Une
personne réveillée, aimable, souriante,
accueillante. Mais aucune réservation pour des français, nos
hôtes nous ont réservé des chambres
dans une « pension », principe local entre le dispositif « hôtel »
et le dispositif « chez l'habitant »,
un dispositif courant en Roumanie, plutôt atypique en France !
La fatigue a gain de cause, entre les
heures de bus, d'avion et de voiture, nous optons pour revenir
sourire à un des hôteliers aimables de
Dragasani, intrigués par les meutes de chiens croisés en route.
Le lendemain, nous trouvons la Casa
Roxy, la fameuse pension, où nous nous sentirons comme à la
maison !
Les jours suivants, tous les jours
suivants, nous trouverons, aussi bien à Dragasani, qu'en
Transsylvanie, le même accueil
chaleureux des Roumains, dans les pensions, les lycées, les
musées : la voix chantante de la langue
latine, les yeux pétillants et les mains grandes ouvertes, la
chaleur de l'âme humaine ouverte à la
rencontre, les sourires à tout bout de champ ; et nous
entendrons les doux aboiements des
chiens errants chaque soir, une autre caractéristique forte du
pays (qui a d'ailleurs fait parler de
la France en terre de l'est, puisque Brigitte Bardot et son
association se sont mêlés de l'affaire
!).
Sur le plan scolaire et pédagogique, je
retiendrais de la Roumanie l'option d'« entreprenariat » :
spécialité mise en place dans le
secondaire, un petit groupe d'élèves doit imaginer un projet viable et
concret visant la valorisation d'une
spécificité de l'environnement local et présenter le projet dans
son ensemble, de l'étude-diagnostic aux
financements, en pensant à une durablité, lors d'une
soutenance de fin d'année. En tant que
partenaires de coopération internationale, nous avons eu la
chance d'assister à plusieurs
soutenances (en langue anglaise, car les lycéens roumains sont déjà
dans un bilinguisme quasi total !) de
ces projets. Ce fut une belle leçon en matière de démarche
professionnelle lycéenne. Par exemple,
un des Parc Régional Roumain a vu le jour suite à un de ces
projets d'élèves.
Bref, le Leonardo Da Vinci en Roumanie,
c'est espace-temps sans précédent dans un début de
carrière d'enseignant : une façon de
penser à des collaborations, des innovations dans mon métier et
ma discipline au quotidien, un bout de
patrimoine en donner à partage à mes élèves pour leur parler
de leurs pairs, une découverte qui en
appelle d'autres, un tremplin certain pour aller dans l'avenir
vers de nouveaux ailleurs.
Caroline Bascoul
Ce système pédagogique devrait être exploité. Parfois les grandes idées viennent des personnes que l'on ne soupçonne même pas.
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